Le mot « localisation » a fait irruption dans le monde de la coopération internationale en 2016. Le concept reste flou, comme le souligne une étude de l’Université d’Oxford de 2022.
Les incitations à davantage « localiser » partent du constat que les centres décisionnels dans la coopération se situent largement en Occident. Le modèle de pensée, ainsi que les rapports de force inégaux devraient être remis en question. Il faudrait concevoir la coopération plus localement en (r)amenant les acteurs locaux au centre des activités.
En théorie, tous les acteurs du domaine partagent cette vision. Mais dans les faits, son application fait défaut. Pour certains responsables d’organisations interrogés dans le cadre de l’étude, cela se traduit par l’engagement de davantage de personnel national et moins d’expatriés. D’autres considèrent qu’il faut viser un changement plus fondamental du rôle de leurs organisations. Pour le moment, trop d’efforts ont été consentis sur les aspects superficiels et techniques sans pour autant s’attaquer aux questions structurelles.
Dans un système qui a largement favorisé l’approche « top-down », de telles initiatives se heurtent à des barrières institutionnelles. Elles entrainent des pertes de pouvoir et de contrôle. A cela s’ajoute la difficulté de s’inscrire dans cette démarche tout en répondant aux exigences de certains bailleurs de fonds.
Willy Randin, le fondateur de Nouvelle Planète, était un précurseur, puisqu’en 1986, lorsqu’il a créé Nouvelle Planète, il avait la vision de placer les partenaires locaux et les bénéficiaires au centre des démarches. Dans notre stratégie institutionnelle, nous le formulons ainsi : « Nous laissons aux actrices et acteurs locaux le soin de définir leur « développement » et d’être les sujets de leur propre histoire ». Même si la « localisation » fait partie de notre ADN, nous gardons un regard autocritique et sommes prêts à des ajustements pour maintenir cette vision au centre de nos interventions.
Xavier Mühlethaler